LECTURES 2025
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Janvier
– février – mars – avril
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Underworld
USA
James
Ellroy
Poche
915 pages
à
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Dernier
volet de la trilogie, j’avais lu l’an dernier en format poche American
Tabloid puis American Death trip deux pavés de 800 et 950
pages, le dernier étant à 920.
Un
peu d’usure de ma part, un peu moins réussi peut-être, et surtout véritable
brûlot de haine, le dernier tome reste cependant dans la lignée, très dense,
avec une écriture coup de poing au cordeau. Tout se croise, les fils sont
nombreux et c’est aux environs de 700 pages que je me suis mis à apprécier
-enfin- le rythme car les derniers chapitres où tout s’emballe et se dénoue
sont … emballants !
La
trilogie c’est une somme, une fresque incroyable qui couvre en tout quinze
ans (1958-63, puis 63-68 et enfin 68-72). Souvent glauque, pas de dentelle,
noir c’est noir.
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La
lune est blanche
Emmanuel
et François Lepage
BD
256 pages
à
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Expédition
au pôle sud. L’Antarctique, extrêmement hostile, y est un personnage à part
entière. Très bien documenté, le récit de l’expédition (un rêve pour les deux
frères Lepage) est prenant, un incroyable moment de rencontres et de partage
avec des personnalités variées, tous des scientifiques en mission. Humain.
Excellent.
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Cache-cache
bâton
BD
Emmanuel Lepage 300 p
àà
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L’auteur
a vécu dans une communauté étant enfant à partir de 5 ans jusqu’à 9 ans. Il
raconte. Va voir les membres fondateurs. Instructif. Humain.
La
bd est un magnifique témoignage qui réserve des surprises, la mouvance du
catholicisme social, par exemple m’était étrangère ou presque. Quelques
familles, militantes, passent de la théorie à l’action, en faisant vivre au
mieux leurs convictions. On découvre aussi l’action d’un prêtre engagé et
charismatique. L’auteur rencontre en fait tout le monde, parents, amis, et
découvre sur quoi tout cela était fondé et comment cela a pris fin.
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Elizabeth
Finch
Julian
Barnes 250 p
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Alors qu'il est entre deux mariages, et aspire à
devenir comédien, Neil, notre narrateur, a un professeur : Elizabeth Finch
(E.F), une « femme si gracieuse et posée », « une lueur radieuse dans (s)a
vie ». « Elle se tenait devant nous,
sans notes, livres, ni trac ».
Un
livre qui démarre bien, centré sur la relation entre Neil et EF, illustrée
par des extraits de cours, des échanges, et puis « faux espoir » –
Elizabeth Finch, morte lui a légué ses carnets- on se retrouve dans la vie et
la pensée de Julien l'apostat, sujets étudiés par la professeure.
Un
sujet qui tout honorable qu’il soit ne m’intéresse absolument pas, et ce
n’est pas le mode de narration qui m’en a rapproché.
Bref,
une ambiance pavé crypto-universitaire, touffu, plein de références
difficiles à maîtriser, ce qui m’a lentement et sûrement coupé du roman.
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Eden
Audur
Ava Olafsdottir
Roman
224 p
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Alba, linguiste islandaise spécialisée dans les langues
locales en voie de disparition, décide d'un retour à la campagne.
Culpabilisée par son empreinte carbone, elle s'engage à planter 5600 arbres
dans son nouveau coin de terre. C'est son installation d'ex-urbaine dans un
nouveau milieu que nous allons suivre pas à pas ainsi que ses relations avec
ses voisins ruraux et un jeune migrant qu'elle accueille, tout en restant
très proche de son père, très présent dans ce changement de vie.
La
narratrice nous conte volontiers par le menu ses pensées et ses actions, cela
passe de façon assez fluide et relâchée du coq à l’âne, il y a parfois
quelques pauses purement linguistiques sur la langue islandaise qui nous
éclairent sur cette culture, forcément.
Le
tout baigne dans un optimisme à la fois surprenant et un peu déconnecté, ce
qui est peu un comble quant aux problèmes complexes (climatiques,
migratoires) qui sont abordés ou plutôt évoqués.
Un
ensemble agréable à lire mais sans grand relief et loin d’être convaincant,
qui souffre en partie de ma lecture précédente d’Olafsdottir « Or »
absolument magnifique. J’aurais peut-être dû m’en tenir là !
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Matin
brun
Franck
PAvloff
Très
courte nouvelle
à
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Une
courte nouvelle, les temps qui courent, le totalitarisme et les chemins
détournés qu’il emprunte pour s’exercer, en manipulant et en anesthésiant.
Est-ce
que cela vous rappelle quelque chose, de loin comme de près ?
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Bristol
Jean
Echenoz
200p
à
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Bristol, Robert Bristol, est un metteur en scène
malchanceux qui, à la demande de la riche romancière à l'origine du scénario,
doit prendre une jeune femme comme actrice principale, jeune femme qui
s'avère inadaptée au rôle et fait couler le film...
Etonnant
bal des perdants, le cinéaste est vraiment limité, le roman adapté est d’une
faiblesse insigne, le tournage en Afrique est une épopée où rien ne marche,
une cascade en avion en étant le point d’orgue… Bref l’intrigue est un joli
prétexte pour Echenoz de s’amuser et nous amuser, le cocasse côtoie
l’inattendu et l’absurde, les situations les plus improbables s’empilent dans
un délire foutraque servi par une écriture plus que jamais au cordeau.
Un
dérèglement général pince-sans-rire qui retombera malgré tout, encore une
surprise, sur ses pieds.
Donc,
le pied.
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Le
collectionneur d’oreilles
Esteban
Bedoya
Roman
190 p
à
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La
Paraguay entre traditions et peuples d’origine, les indiens, et la
bourgeoisie qui s’accommode si bien des nazis pseudos-repentis et cachés.
C’est
cinglant.
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Soixante-neuf
tiroirs
Goran
Petrovic
Roman
365 p
ààà
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Les
pioches sont bonnes ces derniers temps et j’ai été littéralement enchanté par
ce roman admirablement conté qui nous emmène dans des espaces oniriques et un
peu étranges où la réalité et la littérature ont des limites fort difficiles
à cerner. Le pouvoir de suggestion et d’évocation de la lecture permet des
rapprochements inattendus, inouïs lorsque deux personnes lisent le même
livre, celui-ci devenant même un lieu de rendez-vous. Magnifique.
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Cherokee
Jean
Echenoz
250
p
à
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Georges Chave, né à Ivry-sur-Seine le jour de la
bataille d'Okinawa, est domicilié à Paris dans le 11e arrondissement. Il vit
de peu, meuble son existence d'une activité de bars, de cinémas, de voyages
en banlieue, de sommeils imprévus, d'aventures provisoires ; écoute souvent
des disques américains. L'un de ces disques lui manque, une version rare de
Cherokee, qu'on lui a dérobé il y a dix ans. Tout cela n'est rien, mais il
s'en contente jusqu'à ce que Véronique surgisse dans sa vie. Dès lors,
Georges s'agite un peu.
La
trame de cette histoire est passablement embrouillée, l’écriture d’Echenoz
encore et toujours est absolument lumineuse, certaines descriptions de Paris
et ses environs valent vraiment le détour et on ne manquera pas d’apprécier
une ode décalée aux moyens de transport, nombreux et variés qui jalonnent les
aventures des personnages.
Pas
extraordinaire mais on passe un bon moment.
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Les
enfants disparaissent
Gabriel
Banez
190
p
àà
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Vieil horloger paralytique, Macias Möll a deux passions
: réparer des montres et dévaler la pente de la petite place sur son fauteuil
roulant avec l’objectif d’améliorer son chronomètre. Or, après chaque nouveau
record, des parents signalent la disparition d'enfants. Les autorités ne
tardent pas à s’intéresser à cet étrange phénomène qui projette, bien malgré
lui, le discret horloger sur le devant de la scène.
Enigme
policière, Je pourrais même dire fausse énigme policière, qui nous emmène du
côté de la perception de la réalité. Beaucoup d’images, de symboles,
l’horloger est un possible paria, et il y a la fuite du temps et la perte de
l’innocence, on ne peut mieux résumée dans les pensées du commissaire :
le temps est une équation et un désir.
Très
belle ambiance. Etrange, rêveuse, et aussi malaisante, car l’Argentine
malheureusement a une histoire dramatiquement chargée…
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Le
petit verre de ces dames
Alfredo
Bryce Echenique
Nouvelles
200 p
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Outre
la nouvelle qui donne le titre au recueil, j’ai lu « Les grands hommes
sont comme ci. Et aussi comme ça. »
Vraiment
foutraque.
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Petits
travaux pour un palais
Laszlo
Krasznahorkai
108
p
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Un
livre court qui ne contient qu’une phrase, selon le système du « flot de
conscience », c’est souvent heurté dans la lecture, je me suis accroché
car la difficulté entre les interruptions c’est de reprendre le fil, et
malgré cela, j’avais « deviné » la chute.
Pas
totalement convaincant pourtant, au bout du compte.
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Mascaró,
le chasseur des Amériques,
Haroldo
Conti
ààà
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Magnifique.
Lorsqu’il décide de quitter son modeste village de
pêcheurs, Oreste ne se doute pas encore que sa vie est sur le point de suivre
un nouveau cours. Car le destin met bientôt sur sa route Mascaró, cavalier
noir porteur de messages mystérieux, ainsi que le Prince Patagon, artiste
majestueux, exubérant, solaire. Et quand le Prince prend Oreste sous son aile
et lui propose de racheter un vieux cirque miteux pour fonder le Grand Cirque
de l’Arche, la magie opère : dans les bourgades misérables qu’il traverse, le
cirque présente des spectacles grandioses et fait souffler un vent de
fantaisie et de joie. Grâce à la petite troupe de vagabonds célestes qui le
compose, un émerveillement libérateur allume des étoiles dans les yeux des
spectateurs et fait renaître l’espoir. Jusqu’au jour où ce cirque subversif
finit par attirer l’attention des autorités.
Avec
ce roman lumineux, Haroldo Conti célèbre l’amour de la vie et l’art qui
réenchante le monde, la liberté, la fantaisie, et nous rappelle qu’aucun
pouvoir, aussi absurde et répressif soit-il, n’empêchera jamais les hommes de
rêver de liberté.
Un
très beau roman, inventif, intense et plein de grâce.
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Manuel
de la parfaite crapule
Rafael
de Santa Ana
à
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Un
régal, fruité et picaresque, qui réjouira la apprentis aigrefins. Le livre se
veut un guide, véritablement, avec des conseils.
Une
belle acidité complètement amorale.
Pince-sans-rire,
réjouissant et fûté.
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Lac
Jean
Echenoz
190
p
à
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J’ai
lu dans ce pseudo roman d'espionnage réjouissant les aventures de Franck
Chopin, agent secret doté d’une couverture plus qu’incertaine à savoir
entomologiste spécialisé dans l'étude des mouches qu’il équipe de micros pour
espionner. Rien que ça déjà… !
La
galerie de personnages n’est pas triste, l’ensemble – genre oblige- reste
mystérieux, opaque, énigmatique.
Loufoque
et ironique souvent, mais avec un grand sérieux, ce qui souligne le côté
foncièrement désenchanté.
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Paco
les mains rouges
BD
2 tomes
Fabien
Vehlman-Eric Sagot
à
Merci Paula.
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Ancien instituteur, Paco les Mains rouges, surnommé ainsi
parce qu'il a commis un crime de sang, a été envoyé au bagne en Guyane. Sur
place, il doit affronter la réalité d'un monde carcéral où règne la loi du
plus fort, où il est question de survie à chaque instant, et tout cela sans
avoir le moindre espoir de sortir libre... Un récit marquant et bouleversant.
La
Guyane, le bagne, l’enfer sur terre. Un récit prenant, je n’ai pas décroché
quand j’ai empoigné l’ouvrage.
Système
organisé dans le système pour non pas survivre, mais pour ne pas mourir trop
vite… Un monde parallèle de trafics, violences, l’inhumanité et la cruauté comme seuls moyens de
rester tristement vivant. Déchirant. Paradoxal. Etouffant.
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Le
dernier atlas
T1
T2 T3
232,
232 et 256 p.
(Vehlmann,
Tanquerelle, De Bonneval, Blanchard)
à
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BD
ou roman graphique, avec un quatuor nantais à la baguette ! Un excellent
mélange SF Uchronie et politique comme un cocktail…molotov qui nous pète à la
gueule.
Du
rythme, c’est haletant et intense.
Des
robots géants, les Atlas, ont contribué à bâtir des villes entières avant
d'être soudainement mis à la casse. La raison de ce revirement n'est pas très
claire… Je n’en révèlerai pas davantage.
Ce
qui est vraiment bien vu dans le scénario c’est le décalage dans le temps de
certains événements historiques (ex : Guerre d’Algérie) les choses nous
sont donc familières (on a des repères, comme une boussole qui indiquerait le
nord-est) mais elles sont faussées, elles sont réutilisées ou revisitées dans
la fiction, ce qui amène une belle étrangeté dans l’histoire. De là à nous
questionner sur la masse d’informations au quotidien dans le monde où nous
sommes plongés… La réversibilité de la proposition est piquante.
Une
réussite.
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Les
braves gens ne courent pas les rues
Nouvelles
288 p.
Flannery
O’Connor
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Jamais
lue jusqu’ici. Dix nouvelles, variées, certaines vraiment courtes.
Globalement c’est assez daté, ça se passe après la 2e guerre
mondiale aux USA dans les états du Sud. Il y a deux tendances, certains
récits sont assez improbables, on se demande un peu quoi faire avec. Et peu à
peu, on est apprivoisé, c’est l’autre tendance, on devient plus familier du
style et de la description d’une ruralité brute si ce n’est brutale, plutôt
triste et marquée par la bêtise, l’intolérance, notamment.
Ces
nouvelles, pas inoubliables de mon point de vue, dégagent toutefois une
curieuse ambiance d’inconfort avec une propension à gratter qui n’est pas
négligeable.
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