mercredi 17 septembre 2025

Avec un modèle

 ...mot facultatif papillon




Des fleurs

Des fleurs et une table

Une table

Une table et un livre

Un livre

Un livre et deux chaises 

Deux chaises

Deux chaises et un papillon

Un papillon

Un papillon et des fleurs

Des fleurs

Des fleurs et un livre   

Un livre

Un livre et un papillon  

Un papillon

Un papillon et une table

Une table

Une table et deux chaises

Des fleurs et une table et un livre et deux chaises et un papillon

Et le silence






d'après un modèle de Gumringer 
- atelier Pirouésie d'Eduardo Berti 
- 31 juillet 2025

samedi 13 septembre 2025

Météo

-On est quel jour aujourd’hui ?
-Mardi, pourquoi ?
Je viens de voir la météo pour demain, c’était pas celle de mercredi.
Tu es sûrement tombé sur les prévisions de toute la semaine, c’était qui qui présentait ?
-Alain Cirrus-Albedo !
-Ah, lui ? Avant on le voyait quand les autres étaient en vacances.
-Ben justement, là, le voir un mardi ça m’a fait bizarre.  
-Ah mais je pensais que tu étais au courant …

Ce genre de dialogues qui se tenait un soir chez Jean-Charles et Marie-Lucie de Séguenot-Vilancourt aurait pu facilement s’entendre dans bien des chaumières et bien des châteaux.
 
Grosse vedette radio et télé, Alain Cirrus-Albedo était un « expert » qui avait une particularité : il était spécialiste de la météo de la veille. 

Ce que ne savait pas encore Jean-Charles, que Marie-Lucie éclaira. 
 
Les audiences cartonnaient, on admirait son infaillibilité, cette garantie 100 % qu’il avait su apporter à un genre souvent délicat et incertain. On avait l’assurance qu’en l’écoutant, on saurait très exactement le temps qu’il avait fait la veille.
Fatalement, avec cette nouvelle tendance, les prévisions ou les pronostics avaient pris un sacré coup dans l’aile, les audiences piquaient du nez, une méfiance s’était installée et plusieurs chaînes – faute d’audience- décidèrent purement et simplement de supprimer leur traditionnel bulletin météo du jour à venir.
Comme on peut l’imaginer sans être devin ni psychologue, Alain Cirrus-Albedo suscitait des jalousies dans le petit monde des médias, un marigot infesté de dents longues. On le soupçonnait de truquages et des rumeurs couraient sur son patronyme double, un pseudonyme qu’on disait prétendument pompé sur Gillot-Pétré, sans oublier son prénom. Troublant non ?
Il n’en fit pas moins des émules, évidemment. C’est ainsi qu’un certain Bernard Ladrache, un confrère -le faux nom pour concurrent- qui n’avait pas froid aux yeux, tenta de détourner le concept en donnant la météo d’avant-hier.
Il tint exactement une journée, le standard téléphonique de la chaîne explosa, un tsunami submergea ses réseaux sociaux et il fut contraint de renoncer, officiellement pour plagiat et surtout parce que le mot « avant-hier » était très peu vendeur. Inutile de dire qu’il n’avait bien évidemment rien prévu de tout cela.  
 
De son côté, Alain Cirrus-Albedo avait tenu bon, lui aussi avait été critiqué au début pour son absence totale de prises de risque, pour ses côtés mégalos mais cela n’avait pas duré, car ses supporters fort actifs et de plus en plus nombreux vantèrent sa documentation infaillible.
Lors de ses débuts à l’antenne, certains incrédules pensaient être tombés sur des rediffusions et d’autres sur une émission de check news, les fameuses vérifications d’information après coup. D’autres crurent à des documentaires sur les voyages dans le passé.
Mais ils se rendirent vite compte de leur méprise.
Si certains restèrent perplexes, une vague de succès enfla de plus belle… Bon sang de bon sang, mais quel concept, non mais quel concept ! Les passéistes étaient accros, les amnésiques ravis avec certains se pensant guéris. Les historiens se disaient comblés et les distraits ne changeaient rien…
Les gérants de boutiques étaient aux anges : parapluies, ombrelles, chapeaux, casquettes, bobs, cirés ou bottes s’écoulaient même hors saison.
Mais le plus grand prodige était qu’inexplicablement on parvenait à faire taire, à museler les arrosés des pique-niques, les désœuvrés des matches remis, les échauffés des canicules, les repliés en piscines couvertes, et les oublieurs de parapluies.
On concèdera volontiers que tout cela ne servait pas à grand-chose et sentait le réchauffé mais radios et télés avaient perdu de vue l’information depuis bien des années, en tournant en rond, coupées de l’extérieur, au profit de ce qui était « le buzz » hautement rémunérateur comme disaient ces grands brasseurs de vide.
Cela s’arrêta pourtant un jour -et définitivement- avec la disparition du présentateur qui avait breveté et protégé sa création, tout en mobilisant des ayants droit agressifs et intéressés.
Il resta ainsi jusqu’au bout, et même après, fidèle à sa devise : après moi, le déluge !  


mardi 9 septembre 2025

Elle est là

 

Toutes les images et tous les mots


Dans le train

aux voyageurs anonymes et réservés

Il est là

Voyageur immobile et silencieux,

Les yeux dehors

Le spectacle d’un banc baigné de lumière

dans la clairière au loin

le ferait bien sortir de sa coquille

il s’éclipse par la fenêtre

il ne sera pas en retard

il n’a pas d’heure, rien de fatidique ne l’attend

rien que son propre rythme

intérieur

il a laissé la fougue aux tumultueux

et le tumulte aux fougueux

il sait qu’il tisse sa toile

sur son carnet 

le bouillonnement bouillonne, familier

encore quelques secondes et …

« Elle » est là.


vendredi 5 septembre 2025

Bulletin d'informations

 



Toutes les images ( dans l'ordre) et tous les mots.


Voici notre bulletin d’informations

1 L’association des réveils qui sont toujours à l’heure a le plaisir de vous présenter son président nouvellement élu lors de son AG annuelle après un scrutin tumultueux.

 

2 Présentée comme « Le portrait de Doriane Gray » - notez la coquille sur le prénom- à des clients particulièrement incultes par un escroc trafiquant d’art aux méthodes grossières et éhontées, cette délicate aquarelle a été restituée à sa propriétaire Laure-Anne Gré qui en avait passé commande auprès d’un artiste local.      

 

3 Condamné à l’oubli, le banc qui cédait sous le poids des promeneurs en quête de repos été mis à l’isolement, une éclipse méritée.

 

4 En exclusivité mondiale, voici une photo satellite de la première toile d’araignée sourde. Incapable de capter le moindre bourdonnement, sa propriétaire -également aveugle- envisage de demander l’asile politique sur la planète Mars...

 

5 Le championnat du monde de portes et fenêtres qui ne ferment pas a vu l’élimination prématurée d’un repris de justice récemment évadé de prison. En fuite et coursé par la police, il s’est révélé incapable d’ouvrir cette issue – pourtant condamnée- alors qu’il voulait sauter en marche. Ce fut la fin -fatidique -de son périple.

 

lundi 1 septembre 2025

Confidences

 

Une photo, six mots imposés


Le premier arbre savait ses jours comptés, il espérait finir en livre.

Le deuxième arbre ne cachait pas la forêt et appréciait une vie à ciel ouvert.

Le troisième arbre avait prévu de faciliter les palabres en tentant dès l’hiver suivant de garder toutes ses feuilles.

Le quatrième arbre appartenait à la cellule locale du front de libération des organismes résolument essentiels.

Le cinquième arbre était souriant, mais comme vous êtres trop loin, vous ne pouvez pas le voir.

Le sixième arbre était peut-être défaitiste et mal renseigné, il répétait souvent « je ne suis pas certain de terminer en bois de charpente ».

Le septième arbre portait un médaillon représentant l’arbre de la liberté.

Le huitième arbre ne disait rien, il faisait des recherches et rédigeait sa généalogie.

Le neuvième arbre s’était enfui avec la fille du bûcheron.

jeudi 3 juillet 2025

Fin de saison

Juillet et août frappent à la porte

ils m'appellent, 

ils viennent me chercher.

C'est l'occasion de disparaître, 

mais l'invisibilité d'ici 

sera loin d'être synonyme d'inaction ailleurs. 

Et retenez bien 

si cela vous va 

que le 1er septembre c'est un lundi !  

Amitiés.

dimanche 29 juin 2025

Magique

 Une fois n'est pas coutume, un des ateliers auxquels j'ai participé cette année proposait une petite BD.