samedi 24 septembre 2022

FANTOMATIQUE

 


 

Il est minuit, voici donc les résultats du championnat du monde de fantômes 2022 qui se sont tenus pendant trois nuits en Écosse au château de Dunnottar, près de Stonehaven.

Rappelons que le terme « championnat du monde » est quelque peu abusif, il s’agit plutôt d’une compétition regroupant les meilleurs fantômes répertoriés et qu’on pourrait comparer au décathlon en athlétisme, à ceci près qu’elle compte huit épreuves.

Le nombre de participants n’est jamais certain, ce qui fait tout le charme d’une compétition qui depuis des siècles et des siècles illustre réellement la « noble incertitude du sport ».

L’engouement est phénoménal, au château de grandes pancartes virtuelles défilent, portant les mots squelette, chimère, illusion, irréel, mort, ombre, revenant,simulacre, songe...qui mettent dans l’ambiance. 
Pour preuve les scores d’audience ont explosé lors des retransmissions télévisées en direct (de minuit à quatre heures du matin). On a connu un pic le deuxième jour à 2h44 devant l’écran blanc neigeux.

Voici maintenant les résultats des plus connus des participants réguliers, car il faut le dire, cette année, il n’y a pas eu de révélations.

L’écossais Scott Spector a brillé sur ses terres. Il s’est classé premier à l’épreuve du grincement de chaînes, obtenant sur un tempo moyen, une fréquence sonore perchée dans les aigus où « personne » n’a pu aller le chercher. Peut-être y est-il encore.

L’américain Mike Poltergeist a multiplié les apparitions surprises, il en a donc remporté l’épreuve du même nom, en causant onze crises cardiaques dont trois hélas définitives parmi les spectateurs. Il a déclaré  un peu plus tard en toute fraternité qu’il comptait vivement retrouver les trois morts en compétition dès l’an prochain. 
Le russe Sergei Zombinov qui a pu échapper au boycott a dominé l’épreuve de vision, puisqu’il a réussi huit traversées de la grande salle du château attestées par les dix spectateurs témoins.
Le français Hector Plasme s’est distingué et a fait l’unanimité contre lui dans l’épreuve dite de l’épouvantail, puisqu’il a été le seul à effrayer systématiquement tous les oiseaux dans les trois tiers-temps, alors que Mike Poltergeist y a récolté une pénalité pour apparition intempestive qui a valu un malaise  à un arbitre. 
C’est le roumain Alexandru Frankenvlad qui a été déclaré vainqueur de l’épreuve « Esprit » organisée sur une table tournante avec un spirite assermenté, mais ce fut serré, le français Plasme ayant lâché sur la fin. 
L’anglais Jimmy Dead s’est illustré en finissant premier de l’épreuve du suaire : il faut y plaquer les mains et en éprouver la résistance avec précision, sachant que toute déchirure entraine l’élimination définitive. 
Les deux dernières épreuves ont vraiment départagé les compétiteurs.   
Le lancer de boulet a été remporté par Scott Spector avec quatorze yards huit inches, sachant que le boulet toujours muni de sa chaîne comptant vingt-et-un maillons pèse quinze kilos. 
Deux concurrents ont été pénalisés, les boulets ayant atterri dans les spectateurs. 
 
Enfin, servant de fil rouge, l’épreuve intitulée la peur (Fear) consiste en une simple récolte de sueur froide tout le long de la compétition et à ce petit jeu c’est le démoniaque écossais qui s’est imposé avec un score de 6 livres et 3 onces soit 2, 8 kg. Chaque concurrent ayant sa cuve à son nom. La sueur froide est solide, car le sang est glacé, et il est bien connu que les châteaux écossais ne sont pas chauffés.

En résumé, on note donc une belle médaille de plus dans l’escarcelle de la délégation écossaise, en la "personne" de Spector, transcendé à domicile et porté par un public fervent, souvent invisible mais d’un grand soutien.    

 

lundi 19 septembre 2022

ATELIER

Photo proposée avec le mot utopie. L'idée de double acrostiche m' a traversé ! 

 




dimanche 18 septembre 2022

RYTHME

 

(c) Robert Delaunay - Rythmes, 1932.

A partir du 19 septembre, ce lundi, la parution devrait retrouver une fréquence plus régulière, tous les 4 à 5 jours environ. 

J'espère vivement vous y retrouver en lecture et en mots, pour commenter ! Merci d'avance.

A bientôt.

dimanche 11 septembre 2022

AIR


 
En un souffle,
secousse légère
Le vent commence petit
L’enfance de l’air

Le vent prend son temps
Avant de souffler
Le vent peut filer doux 
Pousser ombre et lumière
Impression soleil
Le vent

Le vent siffle
Disperse le temps
Il fend la brume
Tapis volant, plumes filantes

Le vent pousse
les ombres des feuilles
le vent fatigué
se couche dans les herbes
le soir
 
Le vent nous file des frissons
Il bouge les buissons
Le vent empile les étoiles
dans un coin de la nuit

Le vent siffle
Il passe sous les portes
Et passe son chemin
Le vent debout déboule
Se montre fou
Le vent se cogne contre les murs
Le vent griffe leurs fissures

Parfois le vent s’essouffle
Le vent s’efface
et file comme le temps
Le vent cale
Le souffle court
le vent devient vieux
ses rafales se fanent et s’affalent
le vent manque son coup

Le vent se voit
Dans les flaques du temps
Transparence de l’air
Le vent va de l’avant
Le vent en a eu vent

Le vent fait mousser l’océan
Contretemps et marées
Le vent secoue le tout
Le vent se joue de tout

Le vent sème le temps
dans l’espace-vent
Le vent pointu pique nos joues
Il souffle sur nos pensées légères
Qui filent dans l’air  
 
Emmêle nos cheveux
Et met les bouts
Le vent se joue de nous

mercredi 7 septembre 2022

I AM I AM I AM

Une deuxième chronique lecture, oui, il était urgent de tenir ses promesses et avec le temps qui passe, il me semble que je ne pourrai éviter une liste copieuse, bien fournie, de mes lectures de 2022. 

Peut-être organiserai-je une publication en plusieurs fois ! 
Nous verrons, je vais y réfléchir. 
 
J'ai choisi parmi les plus récentes, ceci, courant août : 

I am, I am, I am - Maggie O'Farrell - Babelio  

 

De cette autrice irlandaise, j’ai beaucoup aimé « Assez de bleu dans le ciel » lu il y a quelques années.

Ici, ce roman est composé de 17 courts récits, qui ont des liens entre eux, ce sont des évènements autobiographiques pour la plus grande part. 

17 pour 17 moments de sa vie, difficiles expériences avec la mort et les organes du corps humain qui ont été exposés et par qui Maggie O'Farrel a frôlé la mort (le cou, les poumons, le cerveau, etc.) de façon plus ou moins aigüe. Car, il faut préciser que ces expériences sont plus ou moins graves ou sérieuses quant à la proximité avec la mort. 

De plus les chapitres, tous datés d'une année,  ne sont pas ordonnés chronologiquement, ce qui me semble un excellent choix. 

Maggie O'Farrell parvient à raconter sa vie, à différents âges donc, à travers des expériences surprenantes, extrêmes, parfois sombres et douloureuses. 

Je ne donnerai que peu de détails volontairement pour ne rien gâcher du plaisir de la découverte. Sachez cependant que le titre "I am I am I am" est un vers de la poétesse Sylvia Plath tiré de la La Cloche de détresse (The Bell Jar).

Il y a chez la narratrice une hypersensibilité, des émotions à fleur de peau, certains chapitres sont très forts : « Ventre » daté de 2003 sur une grossesse est extrêmement émouvant.  Un autre chapitre sur une noyade évitée de peu est magnifiquement écrit.

J’ai lu assez vite, mais en trois temps, en trois jours d'affilée, la structure le permet pour espacer et éviter l’accumulation d’éléments dramatiques.

C’est une fort belle lecture qui grandit en vous. Outre que l'on y apprend certaines choses, j’ai apprécié que toutes ces épreuves ne soient pas instrumentalisées au service d’un message sentencieux. 

Il y a surtout beaucoup d’espoir, et la vie, farouchement la vie,  comme fil indéfectible. L'essentiel, non ?

vendredi 2 septembre 2022

ROUSSI

Avant une nouvelle chronique lecture, il me reste ceci en stock dans mon habituel parcours de l'Oulipien de l'année ici.

 


Ça sent un peu l’roussi…


Ça sent un peu l’roussi quand ton chef Léonard
Dit : « Tu t’y remets fissa, j’attends tes crobards ! »
Et rajoute avec tout l’aplomb d’un vieux briscard,
« Dare-dare ou ton contrat va virer moins standard…
Tintin la bamboula en boîte aux Baléares
Tu vas nous épuiser avec ton teint blafard.
Si tu pouvais m’épargner ce regard hagard
Ou je te concocte une mission de pleurnichard
Les solutions tu sais y’en a pas un milliard
Je te fais traverser le désert en mojar
Tu pourras faire un petit crochet par Dakar ! »
Là, t’en peux plus de ton chef gueulard, rigolard
Tu dis la prochaine fois je reste au plumard.
Ô bagnard si ton chef est par trop ramenard
Grandes goulées, bois à la source Lécroart
Croque dessine invente et pour nouveau départ
Contrains-toi comme moi de caser kawésqar
Lance-toi dans les aventures de Gérard
A la vie modeste et simple de banlieusard
Qui oublie pour de bon tous les pères fouettards
Qui renvoie dos-à-dos paniquards et toquards
Pour eux lointain c’est juste après le boulevard.
Alors plane dans ta cabine de steward…
Réponds, quitte à oublier les studios Pixar
Alors chef, mon boulot c’est pas fort Boyard
Je veux pas ramper et exploser mon falzar !