mercredi 30 novembre 2022

VISITE

 Le mot facultatif était témoin, et voici l'image :


Plusieurs portes donnaient sur d’autres portes.

Je n’avais pas encore traversé une seule pièce.

Sur quoi débouchait, tout au bout, ce drôle de couloir avec un horizon bleu assez improbable et ce nuage. 

Le jardin était là ?  La terrasse peut-être ?

Pas sûr. L’impression était étrange, le malaise s’insinuait. 

Comme ce bruit de fond que je distinguais mal.

Je n’avais pas encore vu l’étage et si je restais assez confiant, presque incorrigiblement optimiste, il était indispensable que je refasse un tour complet pour vérifier.  

C’était la première fois que je visitais un appartement témoin aussi mal foutu.

On me saisit alors vigoureusement par le bras. 

 

- Vous, là, vous quittez le plateau, on filme !

dimanche 27 novembre 2022

P

On ne parvient jamais au plan P. 

Tout juste applique-t-on le B. 

Bizarre, non ? 

Le moment M n'a pas répondu à notre demande d'entretien.  

Serait-ce à cause de l’instant T, complice du jour H ou de l’heure J ?

SGDG. Pardon, CQFD.

vendredi 25 novembre 2022

INTERVALLE - intentions dans l'intervalle

 Une fois n'est pas coutume, il est peut-être amusant de révéler un peu comment j'ai réfléchi lors de la rédaction du texte précédent. Nouveau billet nouveau dès dimanche !

 


 

mardi 22 novembre 2022

INTERVALLE

Nous disposions de la première et de la dernière phrase (en gras) ... Il a fallu inventer l'intervalle. 



"Tu me demandes pourquoi je reste sans rien dire"

Tu me demandes aussi pourquoi je reste sans rien regarder.

Tu m’as déjà demandé pourquoi je restais sans rien entendre.

Cela fait un moment que je reste sans rien toucher.

Tu pourrais me dire pourquoi je ne demande rien puisque je dois rester.

Tu aurais pu rester pour que je ne dise rien pour demander.   

Il faut dire que je passe mes journées enfermé dans mes pensées.

Il n’y a rien à dire car il n’y a personne à qui parler.

Si tu étais là, au moins pourrais-je même essayer :

Je me demande si tu resterais sans rien dire

Sans rien faire si je te disais

"Il fait sombre. On n’y voit goutte. Lève donc un peu l'abat-jour".

 

samedi 12 novembre 2022

ECRIRE

 

 POURQUOI J’ÉCRIS est un très bon sujet, sans doute idéal pour se confier un peu, si l'on veut.

J'en saisis l'opportunité avec plaisir, c'est l'occasion de relire et de reprendre des fragments et des propos déjà publiés ici et là, et je vous préviens, je n'irai pas plus loin, euh je serai plus long que d’habitude, si vous avez repéré mon appétence pour les textes plutôt brefs !


 

 

J’écris parce que j’en ai envie.
J’écris parce que j’aime ça. 
J’écris parce qu’un jour à l’école il y a eu un déclic, un déclenchement en deux temps.

Deux chocs successifs pour l'écriture. J'étais en CM2 donc puis en 6e. 

Je me rappelle fort bien l'ennui incommensurable, le désintérêt profond que j'éprouvais pour ces satanées rédactions. Le supplice pour arriver à aligner deux mots vaillants.  Et puis, un jour, le maître nous donne comme sujet le résumé d'un livre qu'on a bien aimé. Et là, ça me parle. 

Alors voilà, ce jour-là, je me suis mis à résumer le Comte de Monte-Cristo. Deux pages du petit cahier, je me rappelle le boulot, parce que « je ne vous raconte pas » (enfin si !). Petit inconscient, quelle affaire ça a été de faire tenir tout ça en deux pages ! Mais j'y suis arrivé. Me surprenant moi-même en plus du maître !

L'année suivante, autre déclic, avec la prof de Français au collège. 
Même topo, toujours l'ennui et puis le sentiment des profs que je pouvais mieux faire (ben tiens !).  
Un jour elle nous donne un sujet d'enfer. En tout cas qui me parle.  
Imaginer un nouvel épisode des aventures de Tartarin de Tarascon, qu'on venait de lire.  
 
Et là, nouveau déclic.
Je me rappelle avoir inventé une histoire où Tartarin, fanfaron, se fait percer à jour. 
Il raconte une histoire à dormir debout, ça se passe dans une diligence dont un passager sait que Tartarin ment.

C'est lui l'auteur réel de l'exploit, malchance donc pour Tartarin qui se fait traiter de "mystificateur". Je me rappelle très bien avoir utilisé ce mot que j'avais lu auparavant dans une BD ! Et Tartarin se fait expulser de la diligence ! 

Pareil, grand moment inespéré, la prof qui me file une bonne note, qui n'en revient pas...moi non plus ... Tiens, puisque j’y suis, je peux même révéler, parce que cela me revient et que je ne l'ai pas dit, que j'en étais un peu amoureux (une brune, ses jambes, elle s’habillait court, bref... !) et qu'elle avait le jour de Tartarin pris le parti de venir s'asseoir près de chacun pour faire le point dans la phase d'écriture, avec le risque que l'élève (alias bibi) se retrouve rouge pivoine, atrocement gêné par cette proximité jamais imaginée une seconde. 

 
Quand j'y repense, j'avais trouvé et ouvert une porte en ces deux occasions. 
Mon rapport à l'écriture vient peut-être pour partie de là.  
Et la porte ne s'est jamais refermée.   

Et donc, depuis…

J’écris parce j’ai toujours un stylo sur moi.

J’aime écrire et c’est devenu courant, normal, je le fais comme si je partais me promener, comme si je me mettais à bricoler, ou courir, ou faire du vélo, ou comme si j’allais à la pêche.

J’écris parce que j’ai acquis une certaine assurance pour le faire.

J’écris parce que j’aime aussi essayer de faire rire.  

J’écris pour être lu mais pas seulement, je continue si je ne le suis pas.  

J’écris parce que les mots et moi c’est une longue histoire et un travail d’équipe.

J’écris parce que j’aime jouer avec les mots, même si parfois ils se jouent de moi.

J’écris parce que c’est moins loin.

J’écris parce que c’est -parfois- plus profond.

J’écris parce que j’aime ce qu’a écrit Orhan Pamuk « J’écris pour être heureux. »

J’écris parce que les paroles s’en vont.

J’écris parce que j’aime les auteurs de l’Oulipo.

J’écris parce que dans les ateliers d’écriture on peut partager, échanger à partir d’une contrainte. J’y écris parce que j’en aime le processus, le thème et la contrainte nous obligent, et poussent dans des retranchements auxquels on ne peut se soustraire.

J’écris parce que c’est mon laboratoire, mon jardin, ce n’est pas secret mais discret.

J’écris parce que j’aime bien chercher, inventer, imaginer, que je m’intéresse toujours à la question de « savoir arrêter », garder des trous, ranger sa pelle, ne pas trop polir pour être honnête, couper court, ne pas trop en faire.

J’écris parce que j’aime aussi ce qu’a dit Borges : « J’écris pour moi, pour mes amis et pour adoucir le cours du temps ».

J’écris parce que j’aime l’improviste qui surgit, je ne le soupçonnais pas quelques secondes avant, comme de l’improvisé « sorte de jazz est là » pour peu qu’on le laisse s’installer, un fil pas imaginé qu’on tire, et qui rend content, qui peut s’étirer ou casser certes, mais c’est avant tout inattendu, ça prend un angle ou suit un schéma souterrain, capte un rythme, repère une brèche où s’engouffrer, où aller, c’est ce qui tombe sous la main qui passe par la tête…

J’écris parce que tout est possible.

lundi 7 novembre 2022

ICI ...LA...

 Avec la photo, le mot facultatif était amnésie.


Je ne sais pas comment je suis arrivé là, ni pourquoi je suis ici.

On m’a montré cette photo.

On dirait un selfie raté.

On m’a donné un stylo.

J’écris ce que je vois, ils m'ont dit.

On m’a trouvé (ou retrouvé ?) là, ils m'ont dit.

Je ne sais pas comment je suis arrivé là.

Tout juste pourquoi je suis ici.

J’écris ce que je vois.

Cela semble être dans un canyon. 

Pourvu que je ne fasse pas tomber le stylo en bas.

Je ne sais pas qui m’a trouvé.

Je ne vois pas le wagon.

J’écris ce que je remarque, aussi.

Je ne sais pas s'il y a avait un wagon.

Je ne sais pas comment je suis arrivé là, ni pourquoi je suis ici.

Pourtant ça secoue.

J’y pense, c’est bien que les rails soient parallèles.

C’est le minimum sur le grand huit, je pense.

J’ai de la chance il faisait beau.

Je ne suis plus très sûr pour le grand huit.

Je ne sais pas comment je suis arrivé ici, ni pourquoi j’étais là.

J’écris, tout petit.

Ils vont sûrement s’en apercevoir.

Je ne me souviens pas non plus de ma dernière amnésie.

C’était quand déjà ?