vendredi 27 mai 2022
AQUATIQUE
mercredi 18 mai 2022
RIVIERE
Je suis particulièrement heureux de commencer mon nouveau blog TEXTURES avec cette note de lecture à propos du roman Rivière de Lucien Suel, paru aux éditions Cours Toujours en mars 2022.
Rivière. Jean-Baptiste Rivière.
En quatrième de couverture, lorsque je lis ce nom, immédiatement le flot du Jourdain me vient à l’idée.
Sans savoir le moindre mot de la prose poétique que contient le roman.
A la lecture, je serai heureux un peu plus tard d’en trouver une évocation.
« Les hippies d’Europe » affluent par milliers, Claire et Jean-Baptiste sont de la partie. Côté groupes français, Ame Son est le seul nom connu pour moi, voisinant avec Moving Gelatine Plates, Blossom Toes, Chaos Rampant. La douce folie de ces noms qui marquent l’époque m’évoque Van Der Graaf Generator.
A l’affiche du festival, aussi, les anglo-saxons, et je connais un peu mieux, je suis plus « à l’aise », avec Archie Shepp, Don Cherry, l’Art Ensemble of Chicago, Franck Zappa, Pink Floyd, Pretty Things, Keith Emerson et surtout Captain Beefheart.
Ce sont des noms qui sonnent
à mes oreilles, et si certains sont présents dans mes étagères, hélas ils ne
sont pas parmi les 33 tours survivants. Mais ils sont bien là.
Claire est toujours là. Même si Claire est décédée brutalement avant ses 50 ans.
Diverses, profondes, surplombant l’espace-temps, ces pages forment une possible carte de vie qu’on pourrait rassembler dans un cahier à consulter pour savoir où aller. Viatique pour ne pas se perdre et, ultimement, ne pas perdre l’amour. A Love Supreme, bien sûr.
Les épisodes "twitter" un peu décalés avec un mystérieux correspondant D4rkD4d4 illustrent la pratique des réseaux sociaux par Jean-Baptiste, elle apparaît surtout ludique, dérivative, à coups de perche et d’astuces tendues (bons mots, double-sens, références). Et quand l’épisode en miroir se termine, c’est presque étrangement, et il semble bien que le retour à l’essentiel ait pris le pas.
J'y
apprécie une fois de plus au plus haut point l'absence d'effets de manche, l'épure
où me semble-t-il l'émotion qui nous touche naît des mots posés et ajustés avec un soin
patient et de ce qu'ils nous décrivent et nous racontent.
Rivière, on s’y baigne, le flot en est étonnamment paisible, d’une sagesse fluide et mélancolique, ode à une vie simple, d’humanité au quotidien.
Je remonterai à bord pour lire Rivière, c’est sûr, un peu comme on ne se baigne pas deux fois dans le même fleuve. J’ai même déjà commencé !
Et rien ne dit que je ne planterai pas un jour un gingko biloba.