Alors qu’ils cherchaient à s’approcher des Andes, non loin
de Mendoza, l’explorateur Diaz de Solis et son expédition tombèrent sur un
spectacle étrange.
Des hommes curieusement vêtus, non armés, couraient dans
tous les sens dans un pré plein de creux et de bosses sur lequel des lignes
étaient tracées. Quelques moutons observaient cet étrange ballet avec circonspection.
Etudiant de loin à la longue-vue ce qu’ils prirent pour une coutume ancestrale, Diaz et ses hommes comprirent rapidement qu'un objet semblait être l’enjeu de leurs courses folles.
Plutôt informe, il ressemblait cependant de loin à un sac de jute rempli de chiffons
et l’on remarquait vite qu’il était particulièrement difficile à attraper en
raison de la configuration du terrain.
L’objet sacré -qualification purement hypothétique- roulait
dans tous les sens, au point que peu nombreux étaient ceux qui parvenaient à s’en
saisir, du moins à l’utiliser.
Les explorateurs ne comprenaient pas pourquoi les autochtones
n’utilisaient pas leurs mains, mais leurs pieds, ce qui ne facilitait pas du
tout la pratique. Ils songèrent à une possible pénitence prévue dans cette
liturgie dont les règles leur étaient inconnues. De plus, la peuplade prise par
ce rituel paraissait ne pas s’en plaindre.
Il y eut même un moment
extrêmement perturbant où l’un des hommes tout près de l’objet s’en débarrassa inexplicablement
illico d’un coup de tatane monumental pour l’envoyer juste au -dessus de la
tête du surveillant des filets de poisson. Ce qui procura une grande joie à certains d'entre eux seulement. Bizarre.
Prudents, mais pragmatiques, Diaz et ses hommes décidèrent
de camper à distance sans se manifester. Ils se contentèrent le moment venu d’aller
déposer nuitamment, à peu près au milieu du pré déserté, un billot de bois
retaillé en cube, comme une offrande anonyme, premier apport de la civilisation
du progrès à cette bande de sauvages.
Une époustouflante rencontre civilisationnelle qui met le sourire aux lèvres ;) L'autre est une énigme que l'on analyse toujours à travers le prisme de ses propres yeux...
RépondreSupprimerJe vois chère Ghislaine que vous avez toutes les clés !
SupprimerA bientôt,
Jean-Michel