lundi 26 mai 2025

Familiarités

 

Mignonne allons voir si Ulysse a fait un beau voyage
Demain dès l’aube qui ne fait châteaux en Espagne ?
Tout Rossini, tout Mozart et les roses de la vie
Prennent des albatros, l’empêchent de marcher 
 
Il est un air pour qui vastes oiseaux des mers,
La chair est triste hélas et tout est dépeuplé
Quel esprit ne bat la campagne où chante une rivière
Ses ailes de géant étrange et pénétrant
 
Je fais souvent ce rêve et j’ai lu tous les livres
Comme je descendais tout Weber
Comme un vol de gerfauts je donnerais
Souvent, pour s’amuser, la rose qui ce matin avait déclose
 
C’est un trou de verdure hors du charnier natal
Un seul être vous manque à l’heure où blanchit la campagne
Heureux qui comme les hommes d’équipage
Cueillez dès aujourd’hui des fleuves impassibles

lundi 12 mai 2025

Qui ?

 Logo-rallye avec 10 titres de romans





-Dans le parc sauvage, qui était il vraiment le mystérieux étranger dont je me souviens qui scrutait le fil de l’horizon dans la douce indifférence du monde, ce monde ô combien replié sur les choses les plus futiles, envahissantes comme le chiendent ? 

-C’est tout ce que nous allons savoirmonsieur Testela fille qu’on appelle ne saurait tarder à décrocher.

Une sonnerie, on répond, une conversation de quelques minutes, on raccroche.

...

-Monsieur Teste ?

- Oui ? 

- C'était vous.


lundi 5 mai 2025

Chic planète ?

Consigne : 
Racontez une rencontre entre un humain (vous ou une autre personne) et un extra terrestre (qui ne doit pas ressembler physiquement à un être humain) et qui n'a absolument pas le même langage que nous. 
L'attention était de veiller à ne prêter aucune "intention" à l'extra terrestre (éviter par ex.: un œil menaçant, un sourire apaisant ou lumineux).C'est la pratique du "Show don't tell".







Chic planète ?
 
-Ici Pépé Carmagnole, allo Papa Tango vous m’entendez ?
-Ici Papa Tango, nous vous recevons 6/5 Pépé, donc c’est pas la peine de gueuler.
- Ici Pépé Carmagnole. Je suis en approche, amarsissage dans 4h12min51s
- Ici Papa Tango. Adieu Pépé ! Non on déconne. Bien reçu Pépé. Terminé.
 
Le vaisseau poursuit sa course selon la trajectoire calculée par les cerveaux de l’agence spatiale européenne.
Pépé carmagnole, de son vrai nom Enguerrand Menuet, spationaute, entre dans le module puis procède à la dernière manœuvre avant de se poser, secondé par son second Godefroy Cunibert qui fait admirablement son travail.
L’épopée de la conquête de la Lune à trois astronautes par les Américains a vécu, on part désormais à deux, un seul sort et le troisième a été remplacé par un numéro vert.
 
Le module se pose sur Oxia Planum, bassin plat situé dans l’hémisphère nord de la planète rouge. La mission d’Enguerrand vient d’atteindre une phase prête à ravir David Bowie.   
 
-Ici Pépé Carmagnole, allo Papa Tango vous m’entendez ?
-Ici Papa Tango, nous vous recevons 5/5 Pépé. A vous.
- Ici Pépé Carmagnole, allo Papa Tango, amarsissage réussi. Je descends. Conservez.
(…)
- Ici Pépé Carmagnole, Papa Tango phase Armstrong terminée.  Je répète « terminée ».
- Ici Papa Tango. Bien reçu Pépé. On le savait déjà, on vous a vu à la télé. Terminé.
 
Scaphandre immaculé.  Enguerrand a les yeux qui brillent.
C’est presque en pachyderme qui danse qu’il fait quelques pas, lents, explorant différentes directions en un petit périmètre. Il lance des coups d’œil répétés vers le module. 
Quelques minutes passent ainsi inaperçues puis le spationaute décide d’avancer vers une zone plus lumineuse. Il en informe Godefroy.
 
Au détour d’un amas rocheux, Enguerrand s’arrête net.
Quelques gouttes de sueur perlent maintenant sur son front.
Une masse se tient face à lui, à quelques mètres. Inerte. Différente. Car Godefroy ne peut pas être descendu.
Elle semble essentiellement métallique.
Enguerrand distingue des tiges articulées, aux bouts acérés, est-ce de l’acier, du titane ? il parvient à en compter quatre. Il avale sa salive.
La masse repose au sol sur trois trépieds courts et larges.
Sans bouger, il détaille une sorte de dôme grisâtre sur le haut, avec trois petits globes translucides saillants.     
La chose est toujours immobile. Et Godefroy qui ne répond plus.
Plissant les yeux, Enguerrand repère une espèce d’écran, un hublot circulaire situé plus bas que le dôme.
Il n’a plus un poil de sec et il vérifie son niveau d’oxygène.
Toujours aucun mouvement.
Il serre les mâchoires, va pour … et changeant d’idée, il repose son pied droit exactement au même endroit.
Il vient d’apercevoir comme un clavier juste sous le hublot.
Il ne sait pas comment il n’a pas pu le voir jusqu’ici.
 
Une touche verte clignote maintenant. Faiblement mais c’est la première manifestation de la chose.
Enguerrand déglutit.
A-t-il le choix ? 
Très lentement il accomplit les quelques pas qui le séparent de la masse, en s’assurant que rien ne se passe.
Il s’immobilise. Attend. Rien. Attend encore. Toujours rien.
Il enfonce la touche verte avec un infime mouvement de recul.
Et c’est du côté de l’écran que ça se passe, Enguerrand sursaute, le hublot coulisse en libérant une « fumée blanche ».
Simultanément, les trois globes du dôme s’éclairent.    
Le spationaute a tous les sourcils froncés.
 
Un message se forme, c’est du morse qu’Enguerrand parle couramment. 
Il passe donc un gant légèrement tremblant par la trappe, ne regarde pas, tâtonne et en sort une capsule cylindrique hermétiquement close.
Les globes du haut se remettent en action et un message supplémentaire précise « Attention Danger - Ouverture sur Terre seulement ».
 
Enguerrand tient la capsule bien fermement. Il souffle.
Il ne tourne pas le dos à la chose, restant immobile.
Il n’y a plus la moindre activité apparente, le hublot s’est refermé, les globes sont éteints.  
Une larme se forme au coin de ses yeux, suivie d’une étonnante mimique qui déforme ses lèvres et ses yeux. 
Il note pour la postérité que sous le clavier est inscrit blockschmurlk© et il aperçoit de petits picots verts et rouges dont il se demande à quoi ils peuvent bien servir.
 
Soudain le clavier disparaît.
Enguerrand pâlit du scaphandre, recule de quelques pas, reprend sa place de départ et entame un demi-tour sur lui-même, très lent.
 
Il rentre à pied.
 
Après quelques secondes, il hoche la tête, la liaison avec Godefroy est rétablie.
Ensuite c’est la routine : le module, le vaisseau, les retrouvailles avec son second.
Le retour en 243 jours chrono.
 
Enguerrand enlève son scaphandre.
Il confie la mystérieuse capsule au labo.
 
Quelques jours après, les résultats des analyses font part d’un métal inconnu.
L’ouverture de la capsule révèle une chaussette orpheline appartenant à Enguerrand avec un message « Amis Terriens, vous n’avez rien à craindre de nous ».