Consigne :
Racontez une rencontre entre un humain (vous ou une autre personne) et un extra terrestre (qui ne doit pas ressembler physiquement à un être humain) et qui n'a absolument pas le même langage que nous.
L'attention était de veiller à ne prêter aucune "intention" à l'extra terrestre (éviter par ex.: un œil menaçant, un sourire apaisant ou lumineux).C'est la pratique du "Show don't tell".
Chic
planète ?
-Ici
Pépé Carmagnole, allo Papa Tango vous m’entendez ?
-Ici
Papa Tango, nous vous recevons 6/5 Pépé, donc c’est pas la peine de gueuler.
-
Ici Pépé Carmagnole. Je suis en approche, amarsissage dans 4h12min51s
-
Ici Papa Tango. Adieu Pépé ! Non on déconne. Bien reçu Pépé.
Terminé.
Le
vaisseau poursuit sa course selon la trajectoire calculée par les cerveaux de
l’agence spatiale européenne.
Pépé
carmagnole, de son vrai nom Enguerrand Menuet, spationaute, entre dans le
module puis procède à la dernière manœuvre avant de se poser, secondé par son
second Godefroy Cunibert qui fait admirablement son travail.
L’épopée
de la conquête de la Lune à trois astronautes par les Américains a vécu, on
part désormais à deux, un seul sort et le troisième a été remplacé par un
numéro vert.
Le
module se pose sur Oxia Planum, bassin plat situé dans l’hémisphère nord de la
planète rouge. La mission d’Enguerrand vient d’atteindre une phase prête à
ravir David Bowie.
-Ici
Pépé Carmagnole, allo Papa Tango vous m’entendez ?
-Ici
Papa Tango, nous vous recevons 5/5 Pépé. A vous.
-
Ici Pépé Carmagnole, allo Papa Tango, amarsissage réussi. Je descends.
Conservez.
(…)
-
Ici Pépé Carmagnole, Papa Tango phase Armstrong terminée. Je répète « terminée ».
-
Ici Papa Tango. Bien reçu Pépé. On le savait déjà, on vous a vu à la télé.
Terminé.
Scaphandre
immaculé. Enguerrand a les yeux qui
brillent.
C’est
presque en pachyderme qui danse qu’il fait quelques pas, lents, explorant
différentes directions en un petit périmètre. Il lance des coups d’œil répétés
vers le module.
Quelques
minutes passent ainsi inaperçues puis le spationaute décide d’avancer vers une
zone plus lumineuse. Il en informe Godefroy.
Au
détour d’un amas rocheux, Enguerrand s’arrête net.
Quelques
gouttes de sueur perlent maintenant sur son front.
Une
masse se tient face à lui, à quelques mètres. Inerte. Différente. Car
Godefroy ne peut pas être descendu.
Elle
semble essentiellement métallique.
Enguerrand
distingue des tiges articulées, aux bouts acérés, est-ce de l’acier, du
titane ? il parvient à en compter quatre. Il avale sa salive.
La
masse repose au sol sur trois trépieds courts et larges.
Sans
bouger, il détaille une sorte de dôme grisâtre sur le haut, avec trois petits
globes translucides saillants.
La
chose est toujours immobile. Et Godefroy qui ne répond plus.
Plissant
les yeux, Enguerrand repère une espèce d’écran, un hublot circulaire situé plus
bas que le dôme.
Il
n’a plus un poil de sec et il vérifie son niveau d’oxygène.
Toujours
aucun mouvement.
Il
serre les mâchoires, va pour … et changeant d’idée, il repose son pied droit
exactement au même endroit.
Il
vient d’apercevoir comme un clavier juste sous le hublot.
Il
ne sait pas comment il n’a pas pu le voir jusqu’ici.
Une
touche verte clignote maintenant. Faiblement mais c’est la première
manifestation de la chose.
Enguerrand
déglutit.
A-t-il
le choix ?
Très
lentement il accomplit les quelques pas qui le séparent de la masse, en
s’assurant que rien ne se passe.
Il
s’immobilise. Attend. Rien. Attend encore. Toujours rien.
Il
enfonce la touche verte avec un infime mouvement de recul.
Et
c’est du côté de l’écran que ça se passe, Enguerrand sursaute, le hublot
coulisse en libérant une « fumée blanche ».
Simultanément,
les trois globes du dôme s’éclairent.
Le
spationaute a tous les sourcils froncés.
Un
message se forme, c’est du morse qu’Enguerrand parle couramment.
Il
passe donc un gant légèrement tremblant par la trappe, ne regarde pas, tâtonne
et en sort une capsule cylindrique hermétiquement close.
Les
globes du haut se remettent en action et un message supplémentaire précise
« Attention Danger - Ouverture sur Terre seulement ».
Enguerrand
tient la capsule bien fermement. Il souffle.
Il
ne tourne pas le dos à la chose, restant immobile.
Il
n’y a plus la moindre activité apparente, le hublot s’est refermé, les globes
sont éteints.
Une
larme se forme au coin de ses yeux, suivie d’une étonnante mimique qui déforme
ses lèvres et ses yeux.
Il
note pour la postérité que sous le clavier est inscrit blockschmurlk© et il
aperçoit de petits picots verts et rouges dont il se demande à quoi ils peuvent
bien servir.
Soudain
le clavier disparaît.
Enguerrand
pâlit du scaphandre, recule de quelques pas, reprend sa place de départ et
entame un demi-tour sur lui-même, très lent.
Il
rentre à pied.
Après
quelques secondes, il hoche la tête, la liaison avec Godefroy est rétablie.
Ensuite
c’est la routine : le module, le vaisseau, les retrouvailles avec son
second.
Le
retour en 243 jours chrono.
Enguerrand
enlève son scaphandre.
Il
confie la mystérieuse capsule au labo.
Quelques
jours après, les résultats des analyses font part d’un métal inconnu.
L’ouverture
de la capsule révèle une chaussette orpheline appartenant à Enguerrand avec un
message « Amis Terriens, vous n’avez rien à craindre de nous ».