Proposer une suite ?
À l'époque lointaine de mon mariage, dans
l'hôtel où nous allions en famille, il y avait une femme qu'on voyait chaque
année.
Enjouée, élégante, les cheveux gris
taillés à la sportive. Omniprésente, elle allait de groupe en groupe et dînait
chaque soir à des tables différentes.
Souvent, en fin d'après-midi, on la voyait
assise avec un livre.
Elle se mettait dans un angle du salon
afin de conserver un œil sur les allées et venues. Au moindre visage familier,
elle s'illuminait et agitait son livre comme un mouchoir.
Un jour, elle est arrivée avec
une cornemuse.
Un certain effroi put se lire instantanément sur les visages des
différents convives de toutes les tables.
Les questions commencèrent à se poser, chuchotées entre voisins ou bien
muettes, sous forme de regards passablement inquiets, nettement interrogateurs
et parfois inquisiteurs.
Ciel. Fallait-il d’ores et déjà envisager d’aller dîner ailleurs ?
Elle se déplaça de table en table, reconnaissant sans peine les
différentes tablées avec qui elle avait dîné les soirs précédents. Elle glissa
à toutes un petit mot qui remit la lumière sur les visages, et on peut le
supposer, rouvrit certains appétits.
Lorsqu’elle eut terminé son petit tour, elle déposa la cornemuse dans
l’angle du salon, où elle se mettait toujours, s’installa et comme à l’habitude
sortit son livre.
Pleinement rassurés, les convives semblaient avoir déjà oublié la chose
et ne commentèrent pratiquement pas entre eux l’explication qu’elle avait
donnée.
Ils étaient simplement soulagés que l’apprenti-musicien de séjour à
l’hôtel ne sévirait plus à des heures indues.
Sans se questionner plus que ça de ce qu’il avait bien pu devenir.
Énigmatique à souhait. Lier amitié - ou autre - avec une cornemuse n'est pas chose simple. Je comprends le trouble qui s'est installé. Le petit mot de la lectrice a été apaisant. La cornemuse était-elle décédée ?
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