Mon albums de photos imaginaire(s)

La proposition de départ (d'après Evelyne Plantier) était la suivante :  Imaginer que nous feuilletons un album de photos imaginaires avec quelqu'un à qui nous présenterons chacune de ces photos en commençant par ces mots : "C'est moi."  exemple : C'est moi. Je prends le chemin de la petite châtaigneraie. J'ai fini mes devoirs. Tout va avoir le goût du parfum que j'aime et l'odeur du bois brûlé. 

Mon album de photos imaginaire(s)

C’est moi, je suis debout. On ne distingue pas mes traits sous le casque. Je viens de planter le drapeau américain sur la Lune.

C’est moi. Posant fièrement près des officiels, je suis juste ressorti du wagon dans la clairière de Compiègne. Et ça ne me rajeunit pas.

C’est moi. C’est l’été, dehors. Je suis dans le bain et je pousse Archimède. Le chien. Il a trouvé son os, eurêka.

C’est moi. Je suis au premier plan, de dos. Les amoureux s’embrassent devant l’hôtel de ville.

C’est moi. Je suis à gauche sur le podium. Arrivé deuxième. Les deux noirs, Smith et Carlos, ont le poing levé. Je suis sûr que tout le monde ou presque a oublié mon nom.

C’est moi. Je suis assis dans une grande pièce devant un piano blanc. Je n’imagine pas tout-à-fait encore ce que je suis en train de composer.

C’est moi. Je suis derrière le troisième arbre à gauche. On ne me voit pas. Je joue à cache-cache. C’est moi qui compte, je ne sais plus si je suis à 31 ou 41. Je n’ai jamais su qui a pris la photo.

C’est moi. En Ecosse. La photo en noir et blanc est floue mais on voit bien que j’imite le monstre du Loch Ness.

C’est moi. Sur un plateau de télévision, je chante. 700 millions de chinois. Et moi et moi et moi, c’est moi.

C’est moi. On ne me voit pas. C’est que j’avais – et j’ai toujours ‒ des progrès à faire en selfies.

C’est moi. Et mes quelques maigres progrès en selfie sont indétectables car je suis l’homme invisible.

C’est moi. Assis dans la galerie marchande du supermarché, stylo à la main, je dédicace fièrement, sourire béat, mon « Journal d’un mythomane ».

C’est moi. Enfin il me semble.