Elle veut mettre en pratique
l’idée qui lui est venue pour essayer d’effacer à jamais ce moment mortifiant ancré
dans sa mémoire.
Elle salue Kazuho et Tomoka en jetant un coup d’œil furtif – mais presque complice - à la femme en blanc, assise, toujours de dos, immobile, imperturbable.
Le lendemain Toshaki arrive à l’heure habituelle et sa table fétiche est libre. Elle accomplit son rituel téléphonique puis sort son livre. Puis elle s’assure une dernière fois de sa botte secrète, sa parade.
A peine a-t-elle lu une phrase que la dame en blanc se lève puis disparaît au fond du Café dans un grincement de porte familier. Comme la veille, Toshaki aperçoit la tasse de café noir encore fumante.
Il est temps.
Elle vient doucement s’asseoir à la place libre sans déranger au passage les trois amis qui dégustent un café, elle pense que ce sont des espagnols.
Elle se penche sur la tasse. Ils n’ont rien remarqué, ils parlent assez vivement.
La fumée atteint ses yeux,
la jeune femme se fige.
Toshaki tourne alors la tête autour d’elle, elle est bien
assise dans la salle de cinéma devant cet affreux Godzilla. Tout se déroule à
l’identique, la projection, les trucages, les acteurs en costumes ridicules.
Le mot « Fin » apparaît, Toshaki se rapproche du moment fatidique.
Lorsqu’elle sort de la salle, le gérant l’attend de pied ferme et elle n’en est pas surprise. Il l’interpelle rudement, lui demandant de montrer son ticket.
Elle se prête volontiers à
la vérification, elle le sort de sa poche et reste interloquée : c’est un
petit rectangle de papier blanc.
Hélas pour elle, tout se
répète, le même enchaînement que la veille.
Elle ne peut rien y faire, elle est punie, encore et toujours, et son père la réprimande en buvant son café bien chaud.
Toshaki se lève, elle se
rend aux toilettes, mais elle n’y reste pas, elle ouvre la porte et retourne
dans la salle.
La dame en blanc a déjà
rejoint sa place, un café fumant devant elle.
Toshaki ne s’en va pas
immédiatement, elle reprend sa place alors que les touristes espagnols sont en
train de régler l’addition.
Toshaki tourne et retourne
la situation dans sa tête, elle ne comprend pas. Hier soir elle avait bricolé
puis imprimé un vieux ticket de cinéma, de cette salle de cinéma-là, en pensant
donner le change.
Elle a juste oublié que la légende ne ment pas.
Elle a juste oublié qu’on ne peut changer le passé.
Elle a juste oublié qu’on ne peut pas toujours tricher.
Elle salue Kazuho et Tomoka et sort du Café sans un regard pour la femme en blanc.
Depuis quelques mois, Toshaki
vient beaucoup moins souvent au Café Kawato.
Il se murmure qu’elle revoit régulièrement ses vieux parents avec qui elle était en froid depuis des années.
Lorsqu’elle pousse la porte
d’entrée, elle vient saluer les patrons, Kazuho et Tomoka, toujours souriants lorsqu’ils la voient entrer, puis elle
dit un petit mot aimable à la serveuse, Akemi, toujours fidèle au poste.
Toshaki cherche simplement à passer un petit moment avec eux.
Elle semble ne pas voir la
dame blanche assise au comptoir.
Elle commande toujours un thé.
Elle salue Kazuho et Tomoka en jetant un coup d’œil furtif – mais presque complice - à la femme en blanc, assise, toujours de dos, immobile, imperturbable.
Le lendemain Toshaki arrive à l’heure habituelle et sa table fétiche est libre. Elle accomplit son rituel téléphonique puis sort son livre. Puis elle s’assure une dernière fois de sa botte secrète, sa parade.
A peine a-t-elle lu une phrase que la dame en blanc se lève puis disparaît au fond du Café dans un grincement de porte familier. Comme la veille, Toshaki aperçoit la tasse de café noir encore fumante.
Il est temps.
Elle vient doucement s’asseoir à la place libre sans déranger au passage les trois amis qui dégustent un café, elle pense que ce sont des espagnols.
Elle se penche sur la tasse. Ils n’ont rien remarqué, ils parlent assez vivement.
Le mot « Fin » apparaît, Toshaki se rapproche du moment fatidique.
Lorsqu’elle sort de la salle, le gérant l’attend de pied ferme et elle n’en est pas surprise. Il l’interpelle rudement, lui demandant de montrer son ticket.
Elle ne peut rien y faire, elle est punie, encore et toujours, et son père la réprimande en buvant son café bien chaud.
Elle a juste oublié que la légende ne ment pas.
Elle a juste oublié qu’on ne peut changer le passé.
Elle a juste oublié qu’on ne peut pas toujours tricher.
Elle salue Kazuho et Tomoka et sort du Café sans un regard pour la femme en blanc.
Il se murmure qu’elle revoit régulièrement ses vieux parents avec qui elle était en froid depuis des années.
Elle commande toujours un thé.
Tu as su nous tenir en haleine jusqu'au dénouement qui, hélas pour Toshaki, n'est pas celui qu'elle espérait. On n'échappe pas à son passé, comme tu le rappelles si bien, mais cette expérience lui aura permis de renouer avec ses parents, surtout avec son père, ce qui en définitive, était pour elle le plus difficile à supporter.Une histoire touchante et bien menée, Jean-Michel, qui sera, je l'espère, suivie par bien d'autres !
RépondreSupprimerMerci beaucoup de tes encouragements Antoine.
SupprimerIl est vrai que j'explore les formats plus longs ces derniers temps, donc, tout est possible. Et puis j'ai une nouvelle en stock qu'il me faut un peu réviser.
A bientôt
Jean-Michel
Toujours international ce café où la fumée n'atteint pas que les yeux !
RépondreSupprimerHeureusement qu'elle se rend compte que tricher n'est pas jouer ; cela permet de
transformer son quotidien ;) Sans oublier que le thé adoucit la vie à l'instant T !
En effet, étonnamment international et confidentiel à la fois.
SupprimerL'instant T, toujours prisé, que se passerait-il au jour J et à l'heure H ?
;-)
A bientôt
Jean-Michel
Ah mais que je suis contente de lire la suite et fin !!!
RépondreSupprimerMalgré leur réputation de resquilleurs, les espagnols n'ont pas bu à l'oeil...
La femme en blanc, le café, noir, le ticket blanc, et des sourires.
Merci ! Bonne semaine señor K.
Merci Colo,
Supprimerune tentative avec quelques clins d'oeil, une ambiance mystérieuse fantomatique, bref je me suis bien amusé !
A bientôt
Jean-Michel