Il y a toujours quelque part quelqu’un à soudoyer.
Voilà ce que se disait in petto Charles Loquosme en reposant la théière encore fumante. La veille, il avait conclu avec succès une enquête complexe et délicate.
Soudoyer, dans l’esprit de celui qui soudoie, n’est pas dilapider. Soyons sérieux.
C’est un peu, toutes proportions gardées, ce que vit et cherche l’exploitant agricole, l’ex-agriculteur ex-paysan, avec les saisons, même s’il n’y en a plus. Il faut en effet semer pour récolter. Éternel -plutôt que sempiternel- cycle toujours recommencé sauf en cas de « plan social ».
Mais brisant là cette parenthèse sociale, Loquosme se reprit et, poursuivant sa réflexion, il étendit son analyse : oui, il y a toujours quelque part sur la planète quelqu’un à soudoyer, que ce soit en Belgique, au Pérou, à Noirmoutier comme à Bologne, et même ailleurs, ici ou là.
Et au moment le plus critique, lorsque l’on se dit, quelque peu découragé, presque défait que les pistes suivies sont des impasses, lorsque l’on pose un regard presque absent sur le tapis du bureau qui contrairement à sa pensée s’effiloche, alors…inexplicablement ou presque, l’idée jaillit et tout s’assemble, sans forcément se ressembler.
C’était bien ce qui était advenu dans « La mystérieuse affaire de la pomme de terre » qu’on avait fini par lui confier car tous les enquêteurs pataugeaient dans la purée. On disait « la pomme de terre », il y en avait plus d’une évidemment, facilité de langage comme on avait pu parler à l’époque de « la vache folle ».
Un trafic de pommes de terre jaunes peintes à la main par des chinois dans des ateliers clandestins avait été découvert, et il avait fallu un certain temps pour comprendre que paradoxalement il s’agissait d’un réseau de blanchiment.
Un scandale énorme au retentissement fracassant. Manifestations. Le syndicat des friteuses dans la rue.
Ce fut en reliant à l’affaire un fait divers apparemment anodin que Loquosme comprit tout.
Une bagarre, des coups de feu, une nuit et, dans l’article qui relatait les faits, presque incidemment on relevait au chapitre des rumeurs : « Je me suis fritté avec Seb, parce qu’il en manquait dans l’enveloppe. » (Les prénoms n’avaient pas été changés.)
Pour une fois, deux plus deux, ça faisait cinq et Loquosme, plus solitaire que jamais car il fallait être extrêmement prudent et discret, amassa les indices qui permirent de régler « l’affaire de la pomme de terre » par un coup de filet géant.
CQFD, il y a toujours quelqu’un à soudoyer, mais il faut être rigoureux, sinon…
Satisfait du devoir accompli, Charles Loquosme termina sa tasse de thé.
Pas simples, ces mots, mais "soudoyer", a donné le rythme de l' enquête menée par Charles Loquosme, et quel rythme capitalo -culinario - planétaire.
RépondreSupprimerAllez, que la pomme de terre soit avec nous, et avec notre esprit !
Gardons la patate !
SupprimerJean-Michel
RépondreSupprimerDans ton texte, tu as réussi à caser tous les mots demandés, ce qui n'était pas évident.On s'est bien poilé, au moment où Seb s'est fritté à propos des pommes de terre peintes en jaune par les chinois !
Petit renvoi vers "Commenter"
Supprimerhttps://textes-et-intertextes.blogspot.com/2022/08/commenter.html
afin que "Anonyme" soit un peu plus incarné la prochaine fois !
Merci.
On peut rester "Anonyme" si on le souhaite dans la manip, à cause de ces fichus comptes google, mais on peut aussi penser à signer son message juste avant de l'envoyer. A bientôt peut-être ;-)
Jean-Michel
En rédigeant mon texte, tout à l'heure, j'ai codifié "anonyme" par erreur, au lieu de signer par mon nom.
SupprimerDésolé, Jean Michel, et à bientôt
Merci Antoine,
Supprimeraucun problème, je souligne juste que si l'on veut signer on peut, et puis, parfois, certes, on oublie ! Et cela m'arrive également à d'autres endroits ;-)
D'un autre point de vue, et ça se comprend, si le compte g**gle agace ( ...ou même plus si antipathie) on peut rester anonyme, par choix donc, et en fin de message, signer ou pas.
Qu'il reste bien clair que chacun fait absolument comme il l'entend en commentant ici, en évitant juste de se planter !
;-)
Jean-Michel
Seb aurait dû être moins "bouillant", c'est sûr.
SupprimerA bientôt !
Jean-Michel
Moi, Loquosme et ses histoires de patates me donnent la frite.
RépondreSupprimerMerci Christw, je lui fais passer le message ;-)
SupprimerJean-Michel
(Qui a soudoyé le solitaire pour effacer les accents de la théière et laisser celui de la planète ?)
RépondreSupprimer10/10 pour la performance, K, peut-être aurez-vous un éclairage fracassant pour le dernier Perec lu en laissant mon attention s'effilocher ?
Un joli commentaire bien rebondissant !
SupprimerMerci pour la note ;-)
Rien ne vous échappe Tania ! Les accents -et c'est une mauvaise surprise- posent -selon l'appli utilisée- des problèmes quand on fabrique les nuages de mots, ce qui fait qu'un mot accentué peut se retrouver découpé dans le nuage. J'ai découvert depuis que https://www.nuagesdemots.fr/ prend en charge les accents !
Je vais aller vous lire sur ce dernier Perec "effiloché" !
A bientôt, Jean-Michel