mardi 5 mars 2024

Lus en janvier et février 2024

Nous y voilà. Première parution de la nouvelle formule sur les livres lus. J'espère juste m'y tenir ! 

Lus en 2024

 

janvier / février  

1.     American Death Trip

James Ellroy
Roman noir
950 pages
2e tome de la « Trilogie ». Un must. Je lirai le tome 3 un peu plus tard dans l’année.
Dallas, novembre 63. Le cœur du rêve américain explose.
Un jeune flic arrive de Las Vegas avec 6 000 dollars en liquide et un sale boulot à exécuter. II ne sait pas qu'il va faire partie du complot visant à étouffer la vérité sur l'assassinat de Kennedy. II s'appelle Wayne Tedrow.
Cinq années dans les coulisses de la politique vont le conduire de Dallas au Vietnam, en passant par le sud des Etats-Unis. Cinq années avec J. Edgar Hoover, Howard Hughes, la Mafia et le Ku Klux Klan.
"American Death Trip" est la suite d'American Tabloid et le second volet de la trilogie Underworld USA. Le cauchemar américain nourri des coïncidences de l'Histoire, les années 60 passées au crible par Ellroy.
 

2.    Par la force des arbres

Dominique Mermoux
Edouard Cortes
BD 120 pages
En 120 pages, l’adaptation du récit initial d’Edouard Cortes. BD visuellement très belle, l’histoire est celle de Cortes qui a choisi, pour se libérer du « monde d'en bas », d'aller vers celui « du haut » : au bord du gouffre, il va quitter femme et enfants pendant plusieurs mois pour vivre dans une cabane de sa propre construction, nichée dans un arbre en pleine forêt.
Beaucoup de planches quasi-documentaires sur la vie de la forêt, faune et flore, on apprend ou révise beaucoup et je ne suis pas loin de penser qu’il s’agit du meilleur de l’ouvrage. Car par ailleurs il est « encombré » dans le cadre de « l’expérience » d’une prose souvent mièvre ou sentencieuse. On n‘échappe pas au lourd, au pompeux ce qui a eu le don de m’agacer, bref un manque de simplicité, de spontanéité qui m’ont paru singulièrement paradoxaux.
 

3.    Peau d’Homme

Zanzin et Hubert
BD 160 pages
Très bon moment avec ce « décalque » lointain de Peau d’âne, au moins dans le titre.
Comment réfléchir sans être abscons ou dogmatique sur les questions de sexe, de genre.
Bien tourné, souvent amusant, on sent que les auteurs n’ont pas voulu alourdir le propos, le message passe et la capacité à inventer comment vivre, avec qui, est laissée aux personnages, ce qui parait une belle idée, non ? 
 
4.    La vague qui vient

Daniel Fohr
Roman 336 pages
Cela se passe sur une île. Un vase clos, une bulle où le narrateur, dessinateur déchu, vient se réfugier à la suite d'un échec professionnel cuisant. Il y possède une petite maison.
Le renouveau espéré se fait attendre mais le maire vient lui proposer de peindre une fresque pour décorer la salle des fêtes...
Il va lui falloir respecter un « cahier des charges », mettre en images tout ce qui fait la renommée de l'île, historiquement et présentement. La rencontre de personnages hauts en couleurs va alors rythmer la suite, nous faisant découvrir une singulière et parfois foutraque population insulaire.
Sans prétention, bien tourné et parfaitement distrayant, un brin poétique à certains moments, et beaucoup d'humour, j’achète !
 
5.    Les hommes ont peur de la lumière

Douglas Kennedy
Roman noir 260 pages
Passe partout. Mais aussi, très schématique, une accumulation improbable de situations critiques en un minimum de temps qui m’ont achevé.
Mon premier et dernier Kennedy.
 
6.    La dame en blanc

William Wilkie Collins
Roman 672 p.
Excellent !
William Wilkie Collins, admiré de Borges et Cortazar excusez du peu, est considéré comme le précurseur du thriller moderne, et cette seule affirmation m'a décidé à tenter cette lecture.
Je dois tout de suite dire que j'ai été saisi et happé par l'écriture, précise, au style parfaitement fluide. Vraiment une très belle plume.
Ce roman écrit en 1860 a pour cadre l'Angleterre victorienne, on y retrouve une parenté avec l’ambiance des romans de Jane Austen du côté des atmosphères corsetées, avec le paraître, la bienséance, l’étiquette bref des choses à mille lieues des sentiments qui bouillonnent pourtant juste dessous.
L’intrigue lentement mais sûrement se construit et joue formidablement sur la tension, les personnages entrent en jeu et sont campés avec précision, ce ne sont pas des ombres ou des silhouettes vides.
On est conquis et envoûté par une histoire d’amour impossible, par un complot, mais en est-ce vraiment un et que se passe-t-il au-delà des apparences ? Tout cela est parfaitement orchestré. Je n’en dis pas plus.
Je lirai son autre roman phare « Pierre de Lune ».
 
7.    Funérailles célestes
Xinran

Roman d’après des faits réels
190 p.
C'est une belle histoire que nous raconte Xinran. Elle est journaliste et a rencontré et interviewé Wen qui lui a livré son « odyssée », alors qu'elle était revenue en Chine, à Suzhou, dans sa province natale.
 
Wen par amour part sur la trace de son mari -disparu au Tibet- pour savoir ce qu'il s'est réellement passé ; elle n'accepte pas l'idée qu'il soit mort. Elle va vivre dans les mêmes conditions que les nomades, longuement, et peu à peu perdre la notion du temps. Elle rencontre Zhuoma, Tibétaine passionnée par la Chine, dont la riche famille est ruinée, et qui est à la recherche d'un des serviteurs de la famille qui a disparu lui-aussi. Les deux quêtes se croisent, les deux femmes vont s'entraider, ce sera la naissance d'une belle amitié.
Je ne dirai rien de la conclusion de leurs quêtes, ni de ce que sont les funérailles célestes.
L’aspect voyage initiatique est passionnant tout comme est admirable la volonté de Wen d’avoir une réponse. Elle restera au Tibet plus de trente ans.
Nul doute qu’elle s’y sera trouvée telle qu’en elle-même.
 
8.    Ne pleure pas sur moi

Samuel Lebon
Roman 160p.
Etonnant roman, au style débridé, presque un road-movie, dont la chute est étonnante d’émotion, poignante. Tout semble s’y révéler à rebours. Très intéressant.
 
9.    Musée

Chabouté
BD 190 pages
Ça tourne en rond, rien de neuf dans cette BD où les personnages des tableaux sont dotés de vie la nuit. J’attendais vraiment davantage de cette variation déjà connue.
 
10.   Aide à l’emploi

Pierre Barrault
Roman 152 p.
Complètement déjanté, on est aux confins de l’absurde, à un point tel qu’il faut s’accrocher pour suivre le « fil ».
Caustique, absurde, jubilatoire, « L'aide à l'emploi » de Pierre Barrault est un miroir sociétal absolument satirique, déformé et caricatural. On sent rapidement que le miroir déformant tendu à notre monde absurde renvoie tous les travers de l’humain plongé en eaux troubles.
Ici c’est la recherche d’emploi qui est le prétexte à un jeu de massacre où l’on repère très bien sans que ce soit totalement explicite qui sont les massacrés habituellement massacreurs :  la bureaucratie, les hiérarchies et les donneurs de leçon, les arrogants des gouvernements et de la société en général. 
Bref c’est un régal et on a surtout la grande satisfaction de lire quelque chose de très libre, non formaté, qui fait énormément de bien dans sa frénétique dérision.
 
11.    La diplomate

Lucy Fricke
Roman 272 p.
L'histoire :
Friederike Andermann essuie un échec professionnel comme ambassadrice d'Allemagne en Uruguay. Plus tard nommée consule à Istanbul, elle tente d'intervenir en faveur de dissidents germano-turcs. Mais les entraves se multiplient, jusqu'à la piéger.
Entre résidence d'été et palais de justice, elle manœuvre aux frontières de la légalité et se heurte aux limites de l'amitié, de l'État de droit et de l'idée européenne.
Un roman d'actualité sur la diplomatie de crise, les dérives autocratiques et la fragilité des relations internationales.
 
La diplomatie, loin de la grandiloquence et des apparences, on l’approche dans ce roman très réaliste, où les jeux de pouvoir font fi le plus souvent des vies humaines.
C’est raconté avec une certaine acidité, en mettant le doigt sur ce qu’on ne dit pas : la vacuité des idéaux des fonctionnaires, la fragilité de la diplomatie, l’égalité des sexes dans ce milieu, etc.
J’ai lu par ailleurs que l’auteure, puisqu’elle aborde à un moment les relations germano-turques sans détour, a vu les autorités turques lui déconseiller formellement de se rendre en Turquie jusqu'à nouvel ordre.
Un roman fort intéressant, sans esbrouffe.
 

12.   Par où Or (ne) ment
Vincent Wahl
 
Les écrits du Nord éditions Henry 200 p.
Un récit poétique découvert grâce à Lucien Suel.
C’est inclassable, très original et c’est surtout une critique implacable du néo-libéralisme, cette idéologie mortifère. Parfois glaçant et fouraillant dans les tréfonds. Unique.

13.   Echouer mieux

Claro
Essai 240 p.
Magnifique essai
Seul l'exercice de l'échec permet d'élargir le champ des possibles. Si, comme le disait Beckett, il importe d'échouer mieux, c'est sans doute parce que créer ne veut pas dire réussir, mais plutôt soutirer à l'obscurité un aveu de lumière. Au risque, consenti, d'aboutir à une impasse - c'est là non une malédiction, mais une chance. Dans cet essai personnel, Claro convoque entre autres Kafka, Pessoa, Cocteau et Hitchcock pour nous plonger dans les failles ouvertes par l'échec. Non sans humour et avec une grande sensibilité...
 
14.   Il y a quand même dans la rue des gens qui passent

Robert Bober
Chronique 288 p.
« Aussi comme le précédent livre, ce livre va sans doute ne ressembler à rien qu'à son propre désordre ». Voilà pourquoi j’ai noté chronique sous le titre du livre. Robert Bober est juif, il a aujourd’hui 92 ans. Mais cela ne saurait le résumer, oh non.
Il nous raconte des moments de sa vie, des rencontres, comme lors d’une veillée ou au café. L'émotion n'est jamais loin surtout quand les passages touchent à l'enfance, aux vies meurtries, aux absents. J'aime les détours pris, les évocations littéraires, et qui donnent toujours envie d'être suivis. On connaît bien le lien, et on pense sans surprise, beaucoup, à Perec.
Le dernier chapitre est bouleversant.
 
15.   20 Nouvelles policières de Boileau-Narcejac

(Le train bleu s’arrête treize fois, Télé Crime, Le mystère de Sutton Place, Les apprenties détectives, 6 - 1 = 6)
200 p.
L’occasion de se (re)plonger dans les problèmes proposés par les deux auteurs (à l’origine, rappelons-le, des « Diaboliques » et de « Fenêtre sur Cour ») et j’ai pour cela repris dans mes étagères une anthologie parue en 1988 chez « Bouquins ».
Pas mal ancré dans les années soixante, sans que cela paraisse trop daté, c’est toujours ingénieux. Les récits nous happent et malgré notre expérience de lecteur, nous sommes bel et bien cueillis par les chutes, inattendues et imprévisibles, une grande spécialité des deux compères.   
 

Roman en cours : 
Que notre joie demeure / Kevin Lambert

8 commentaires:

  1. Je retiens "échouer mieux" . Je pense l'acheter afin d'utiliser mon stabilo ;)

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    1. Bien vu et bon surlignage ;-)
      A bientôt
      Jean-Michel

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    2. Livre acheté ! Je commence la semaine prochaine en même temps que j'accompagne un voyage scolaire. De quoi avoir des choses à dire avec les instits, peut-être ;)

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    3. C'est du rapide ! Bonne lecture !
      A bientôt
      Jean-Michel

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  2. Deux livres ont retenu mon intention : n° 6, la Dame en Blanc de W. Collins, (style élaboré; sophistication de l'intrigue) et n°14 R. Bober (originalité du thème, émotions, fragments de vie marquantes...)
    Merci pour ce partage, Jean-Michel

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    1. Bonnes lectures, Antoine et merci.
      A bientôt
      Jean-Michel

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  3. Quelle variété, extra! Je note moi aussi La dame en blanc, et puis Aide à l'emploi. Échouer mieux aussi.
    Merci, bonne journée.

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    1. La variété, oui, important, pour la curiosité, le rythme de lecture, éviter de lire tout le temps les "mêmes" choses...

      Et vraiment, "la dame en blanc" est formidable.
      A bientôt
      Jean-Michel

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