samedi 15 juin 2024

Frappant

 A partir de l'image (et  mot facultatif : croûton)



Je viens de remettre la main sur une photo que j’avais oubliée.
Frappant.
C’est tout une époque, je me levais très tôt le matin.
Cela n’a duré qu’un temps -ce n’est pas le sujet- mais j’ai encore sur moi l’odeur du pain et la chaleur du four.
Je m’étais longtemps cherché avant, j’allais d’un petit boulot à l’autre.
Mais certainement pas celui que l’on croyait.
Bien sûr, pour certains, vous aviez pu me voir dans « Le schpountz ». Vous ne m’aviez pas manqué non plus dans « Ignace » ou même « Raphaël le tatoué ». Pour d’autres, c’était peut-être Barnabé. Et quelques-uns éviteront de trop s’appesantir sur le dilemme cruel que j’ai vécu dans « L’auberge rouge ».
Aujourd’hui, bien des années plus tard, je ne veux pas passer pour un vieux croûton, et je repense même en souriant à ceux qui me donnaient du « Don Camillo ».
 
Et je me dis que j’ai bien vécu, sans être riche comme Crésus, j’ai été heureux un peu comme Ulysse, plus souvent qu’à mon tour.  
Et puis ce n’est pas donné à tout le monde d’être le sosie d’une vedette de cinéma.

mardi 11 juin 2024

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 Avec l'atelier d'écriture, en ce début juin, nous avons conclu "la saison" avec une séance de lectures de textes, à la médiathèque. Chacun venant avec son escarcelle garnie d'un texte original, d'un texte écrit en atelier ou encore un texte d'auteur. 

En principe deux temps pour dire ou lire étaient alloués à chacun, dans le cadre d'une "scène ouverte", où les inscriptions libres étaient possibles dans la demi-heure précédant le démarrage. 

Tous les prénoms dans un chapeau, on tire l'ordre de passage, et nous voilà partis.

Je mets ici ce que j'ai lu, un texte original (dont j'avais une précédente version et que j'ai retravaillé) et plus bas un texte d'auteur.


Exercice de style

Le célèbre JE ME SOUVIENS de Georges Perec

devient « JE ME DEMANDE »

 

Un exercice très libre, on part où on veut, et l’on peut se demander beaucoup de choses, de toutes sortes …


  1. Je me demande s’il est bien raisonnable de se lancer dans cet exercice. 
  2. Je me demande si on entre dans le vif du sujet comme dans un moulin. 
  3. Je me demande pourquoi les cigarettes russes ont cette nationalité. 
  4. Je me demande ce qui va se passer mardi. 
  5. Je me demande par quel cheminement on a inventé les timbres. 
  6. Je me demande si cela a provoqué l’apparition des collectionneurs ou si cela n’a rien à voir. 
  7. Je me demande ce qu’il y a derrière le mur. 
  8. Je me demande si ça va vraiment m’avancer de savoir ce qui se passera mardi. 
  9. Je me demande mais juste un peu quel est le prochain livre que je vais lire. 
  10. Je me demande si Elvis est bien mort et McCartney bien vivant. 
  11. Je me demande si les théories complotistes sont vraies. 
  12. Je me demande si je vais réussir à placer les mots calembredaine, coquecigrue, billevesée ou même baliverne, mais j’y crois. 
  13. Je me demande si je me souviens vraiment bien de tout lorsque je me souviens. 
  14. Je me demande jusqu’à quelle température il faut chauffer Marcel. 
  15. Je me demande cependant s’il est prudent de chauffer Marcel. 
  16. Je me demande si on nous révèlera un jour ce qu’il y a entre chien et loup. 
  17. Je me demande -déjà- où est la sortie. 
  18. Je me demande si on peut gagner haut la main sans avoir le bras long. 
  19. Je me demande ce que je ferais à ta place. 
  20. Je me demande si les chats utilisent l’expression « j’ai d’autres chats à fouetter ». 
  21. Je me demande si le botaniste James Small (1889-1955) a commencé petit. 
  22. Je me demande si les collectionneurs sont apparus avant les timbres, après réflexion. 
  23. Je me demande si je dois vous dire que le boomerang que j’ai lancé tout à l’heure n’est pas encore revenu. 
  24. Je me demande pourquoi dans les parcs d’attraction il n’y a pas de grand 9. 
  25. Je me demande ce que le Père Noël pense de l’expression Vacances de Noël. 
  26. Je me demande bien pourquoi en physique fondamentale la théorie des cordes ne parle pas de guitares. 
  27. Je me demande quand, quoi, si, comment, qui, où, combien et même pourquoi. 
  28. Je me demande combien de madeleines Proust a mangé finalement. 
  29. Je me demande si je me souviens vraiment bien de tout, lorsque je me souviens. 
  30. Je me demande si je n’ai pas déjà écrit ça. 
  31. Je me demande si on peut disparaître dans un carré SNCF comme dans le triangle des Bermudes. 
  32. Je me demande ce qui se passe quand on appelle un chat un chat… il vient ? 
  33. Je me demande ce que l’ornithorynque dirait s’il savait comment son nom s’écrit. 
  34. Je me demande comment tu vas et je ne t’emmène pas au cinéma. 
  35. Je me demande comment on a pu laisser passer ça : les trois mousquetaires étaient quatre. 
  36. Je me demande où est l’homme invisible. 
  37. Je me demande comment on peut en arriver là. 
  38. Je me demande comment ça va finir.


Lors de mon second passage, j'ai proposé une nouvelle d'Eduardo GALEANO



vendredi 7 juin 2024

Réputation

L’arracheur de dents était toujours tiré à quatre épingles, 

c’était sa manière à lui de tirer son épingle du jeu, 

ainsi il n’en manquait jamais et il lui en restait toujours trois 

(chacun sait que les bons comptes font les bons amis), 

mais bien sûr il n’y avait pas que cela…

En effet 

l’arracheur de dents disait travailler d’arrache-pied, 

devait-on le croire sur parole, quand on sait la popularité 

qui est la leur dans les dictons ? 

Cette déclaration aussi péremptoire que publicitaire 

était peut-être le signe qu’il travaillait du chapeau. 

Ce doute sera-t-il un jour levé, sans pour autant s’abstenir ? 

Il se murmurait bien qu’il n’était pas du style à manger son chapeau 

(d’ailleurs il n’en portait jamais, ce qui reste difficile à interpréter), 

et surtout avec sa réputation d’avoir la langue bien pendue, 

il n'était pas du tout du genre à avaler sa langue. 

Il est certain par contre qu’aucun patient en « consultation » 

ne souhaitait le voir prendre un râteau.







Les cinq expressions en gras étaient imposées.